Je suis heureuse de vous retrouver aujourd’hui avec notre récit d’étapes sur ce mythique sentier de randonnée réputé comme le GR® le plus difficile d’Europe. Nous sommes partis dans l’optique de faire le GR20 en 13 jours dans le sens Nord-Sud afin d’en profiter pleinement.
Pour le parcours, nous nous sommes inspirés de l’itinéraire de Visorando : « GR®20 de Calenzana à Conca en 13 jours ». Pour toutes les informations sur le parcours, je vous invite à aller voir directement sur Visorando.
Avant de commencer cet article, je pense qu’il est important de rappeler que vous retrouverez à travers ces lignes le retour de notre expérience personnelle à Thibaut et moi. Par conséquent, notre ressenti sur le GR20 est lié à notre histoire personnelle, à notre niveau physique et technique, à notre expérience en montagne et à nos affinités. Deux personnes peuvent avoir deux ressentis complètement différents sur le GR et c’est tout à fait normal. C’est pourquoi je vous invite à prendre cela en compte lors de la lecture de l’article.
Prenez ce qu’il y a à prendre et laissez ce qu’il y a à laisser (comme toujours) 🙂
Le voyage : CDG – Calvi – Calenzana
Si comme nous, vous avez décidé de prendre l’avion pour faire le GR20 en autonomie, vous allez être confrontés au transport du matériel dans l’avion. Il existe une liste de produits qu’il est interdit de mettre en cabine ou en soute :
Sont interdits dans les avions (même en soute) :
- Bouteilles de Gaz
- Réchauds (sauf si ils sont neufs)
- Briquets ou allumettes
Sont interdits dans les avions en cabine seulement :
- Ciseaux ou couteaux
- Bâtons de randonnée
Nous avons mis nos sacs de randonnée en soute, ainsi nous avons pu emporter nos bâtons de randonnée, nos Opinel et notre réchaud (neuf). Une fois arrivés à Calenzana (nous avons fait le choix de prendre un Taxi entre l’aéroport et Calenzana, c’est bien plus rapide), nous avons pu acheter une bouteille de Gaz ainsi qu’un briquet au SPAR.
Dormir à Calenzana : à l’ombre du clocher
Pour dormir à Calenzana, vous avez le choix entre le gîte d’étape de Calenzana (c’est la solution la moins chère et la plus répandue pour les randonneurs du GR20) ou un gîte type chambre d’hôtes. Nous avons choisi la deuxième option afin de faire une bonne nuit de sommeil avant de démarrer le GR20 et nous avons été très ravis du gîte « à l’ombre du clocher » que je vous recommande chaleureusement. Les plus : la piscine pour se rafraîchir la veille après l’avion et le petit déjeuner préparé la veille par l’hôte avec possibilité de le prendre tôt (4/5h du matin) 🙂
Jour 1 : De Calenzana au refuge Ortu di U Piobbu (12km avec 1500D+ et 250D-)
Le parcours
Départ à 6h15 du matin dans l’espoir de profiter de la fraîcheur matinale le plus longtemps possible car la journée s’annonçait caniculaire. J’ai personnellement trouvé cette étape difficile en ressenti, mais exceptés le « fort » dénivelé et quelques petits passages rocheux où il faut poser les mains, elle ne présentait pourtant pas de difficultés particulières.
Nous avons manqué d’eau sur la dernière heure alors que nous étions tout de même partis avec 5L pour deux ! Mais les fortes chaleurs présentes ce jour-là ont eu raison de nous… C’est pourquoi, si de fortes chaleurs sont annoncées, je vous conseille de partir encore plus tôt que nous (au plus tard 5h30) et de prévoir suffisamment d’eau 🙂
Le refuge
Lorsque l’on arrive au refuge, nous prévenons les gardiens de notre arrivée puis on peut choisir son emplacement en fonction des places restantes. L’eau est indiquée « non potable » mais il y a une source d’eau fraîche à la sortie du refuge en continuant sur le sentier 🙂
Nous qui sommes habitués à l’autonomie complète (sans aide extérieure), nous avons été très surpris du niveau de « confort » du refuge : WC écologiques, douches, espace pour cuisiner avec gaz, espace pour faire sa vaisselle et poubelles de tri sélectif ! Sans parler de la possibilité de se ravitailler en nourriture (fromage 12€, saucisson 10€) et en produits de première nécessité (savon, genouillère, topo guide). Je dois avouer que je ne m’y attendais pas du tout… Je savais que nous étions obligés de bivouaquer près des refuges mais je ne savais pas que nous avions accès à autant d’équipements.
En raison des fortes chaleurs et du risque incendie très élevé, nous avons à 18h un « point incendie » avec le gardien du refuge. Verdict : nous avons le droit de poursuivre demain (nous apprendrons sur l’étape 4 que le massif a été fermé le lendemain de notre passage).
Jour 2 : Du refuge d’Ortu di u Piobbu au refuge de Carrozzu (8km avec 700D+ et 980D-)
Le parcours
Les frontales et les zip des autres tentes finissent par nous réveiller. Le réveil est matinal sur le GR20 (4H/4H30 pour grand nombre de randonneurs). De notre côté, c’est plutôt grasse matinée (entendez réveil à 5h30, départ à 6h30).
Je me sens en meilleure forme que la veille. La première partie est assez longue jusqu’au col, nous avons l’impression que ça ne va jamais s’arrêter de monter… Retenez deux choses : la première, « lorsqu’il n’y en a plus, il y en a encore » et la deuxième, privilégiez les petits pas et un rythme régulier de montée afin d’en garder sous le pied. Évitez si possible les grandes enjambées qui vous fatiguerons pour rien. Des notions d’escalade sont également un plus car vous passerez à quelques reprises des portions à passer avec les mains et c’est vrai que c’est toujours plus agréable lorsque l’on est à l’aise avec ça.
Une fois les cols passés, il est annoncé 1,7km de descente avec 900 de D- environ. La descente nous a paru interminable. Nous avons plutôt l’impression de descendre 6km ahaha. C’est d’ailleurs le grand débat avec les autres randonneurs que nous dépassons : « 1,7km ? IMPOSSIBLE ! ».
La première partie est raide puis la pente devient (légèrement) moins raide mais le sentier reste très glissant (c’est un mélange d’éboulis et de terre/sable). Une fois dans les arbres, vous trouverez un petit ruisseau. Tendez bien l’oreille, il est sur la gauche, derrière les roches.
Le refuge
L’emplacement en tente est libre (comme pour l’ensemble des refuges), n’hésitez pas à descendre en contre-bas sur la droite juste derrière la petite maisonnette cuisine (étape 2 dans le dos), vous trouverez des emplacements à l’ombre et au calme.
L’eau est potable et les douches sont ouvertes à partir de 15h.
Jour 3 : Du refuge de Carrozzu au refuge Asco Stagnu (5km avec 820D+ et 660D-)
Le parcours
L’étape est très courte. La première partie reste difficile techniquement. Cela ressemble bien plus à de l’escalade qu’à de la randonnée mais si comme nous vous aimez bien cela, vous allez bien vous amuser ! La descente est bien plus facile en ressenti que celle de la veille.
Si vous n’avez pas prévu de doubler l’étape et que vous un rythme de marche correct, vous êtes censé arriver tôt au refuge. Asco est une ancienne station de ski avec des restaurants où vous pouvez déjeuner si vous souhaitez vous faire plaisir. Vous avez la possibilité de vous ravitailler au restaurant de l’hôtel en contre bas (CB acceptée à partir de 5€) ou bien au refuge.
En contrebas (descendre et passer le parking de l’hôtel), vous avez une belle rivière pour vous rafraîchir sur la gauche après avoir passé les poubelles).
Jour 4 : Du refuge Asco Stagnu au refuge Tighiettu (6,5km avec 985D+ et 737D-)
Le parcours
Une fois de plus, nous sommes les derniers à partir du refuge mais ce n’est pas bien grave car nous arrivons souvent parmi les premiers malgré tout et nous avons donc toujours un bon emplacement pour la tente.
La première partie est très agréable dans la forêt. C’est seulement une fois le petit pont passé que ça commence à grimper. Il s’agit d’une alternance de marche/ »escalade ». Le sentier est constitué d’éboulis de pierres une fois ce passage passé. Il y a un petit replat juste avant d’attaquer la dernière montée jusqu’à la pointe des éboulis.
Lorsque nous arrivons en haut, il y a énormément de vent avec des rafales à plus de 100km/h. Nous avons donc décidé de ne pas faire le Monte Cinto. La descente est assez simple bien que beaucoup trop venteuse ce jour-là, j’ai eu le sentiment de me faire emporter par le vent deux, trois fois… Il y a un dernier petit passage de bloc de pierres à passer avant d’amorcer la descente jusqu’au refuge. La descente peut paraître longue et technique.
Le refuge
Le refuge de Tighiettu est plus rudimentaire que les autres refuges mais c’est probablement celui qui m’a le plus marqué. La vue est incroyable mais nous avons passé une très mauvaise nuit car les emplacements tentes ne sont pas du tout protégés du vent… si vous avez vous aussi du vent, je vous conseille de descendre à la bergerie 30min plus bas, vous serez bien mieux abrités.
Jour 5 : Du Refuge de Tighiettu au Col de Vergio (15km avec 824D+ et 1100D-)
Le parcours
Le début de parcours est très agréable, ce n’est que de la descente en forêt. En revanche, le temps a rapidement changé et nous entendons l’orage gronder de plus en plus fort… Jusqu’à se le prendre sur la tête juste avant d’escalader la partie rocheuse. Le parcours est dans l’ensemble assez simple et ne présente pas de difficultés particulières.
Une fois le refuge passé, nous amorçons la descente vers le Col de Vergio. La descente est très agréable au début puis devient progressivement interminable. Nous décidons de faire une pause déjeuner au niveau de la rivière. Puis, le sentier continue en forêt jusqu’au Col de Vergio ou nous nous arrêtons pour passer la nuit.
Camping Col de Vergio
Il ne s’agit pas d’un refuge du GR20, nous avons fait le choix d’avancer sur l’étape suivante afin de faire 2 fois 15km. Je vous conseille vivement de goûter le fiadone (7€ la part) à l’Hôtel de Vergio (notre premier caprice sur le GR).
Les douches et sanitaires sont très propres lorsque l’on arrive parmi les premiers mais ils ont malheureusement été vite dégradés par les autres randonneurs.. Ce n’est pourtant pas compliqué d’enlever ces chaussures avant d’entrer ! J’en parle sur ce « refuge » là car ça a été la goutte d’eau pour nous, mais c’est en réalité ainsi sur l’ensemble des refuges.
Pour couronner le tout, nous nous sommes fait voler notre batterie externe alors qu’elle chargeait parmi tous les autres appareil. Nous avons été très surpris de voir un tel « geste » sur le GR20… Pour l’anecdote, j’ai fait tomber ma CB sur un parking en Île-de-France et celle-ci m’a été rendue. Alors que l’on puisse nous voler une batterie sur un GR nous a légèrement écoeuré…
Jour 6 : Du Col de Vergio au Refuge de Manganu (15km avec 738D+ et 546D-)
Le parcours
L’étape est infiniment plus simple que les précédentes. Le sentier est très roulant et ne présente aucune difficulté. Le paysage est magnifique avec notamment le célèbre lac de Nino.
Le refuge
Probablement le refuge que l’on a préféré. Les douches sont propres et conçues de manière à le rester malgré l’incivilité de certains. Il est possible de recharger son téléphone pour 2€ et ils ont la possibilité de préparer le repas du soir en version sans gluten ce qui est assez rare encore.
Possibilité d’accéder à la cascade en contre-bas pour se rafraîchir 🙂
Jour 7 : Du refuge de Manganu au refuge de l’Onda (15km avec 1215D+ et 1374D-)
Le parcours
Nous décidons de faire une petite folie en nous levant très tôt (pour nous) et en partant à la frontale. Nous avons décidé de doubler les étapes 7 et 8 en prenant la variante des crêtes. C’est mon étape préférée, les paysages sont incroyables du début à la fin. Il y a une vue incroyable sur les lacs Melo et Capitello avec le franchissement de quelques passages type escalade (j’adore ça !).
Nous arrivons au refuge de Petra Piana assez tôt (avant 11h) et nous décidons de prendre le temps de faire une vraie pause déjeuner au soleil.
Nous continuons ensuite jusqu’au refuge de l’Onda en passant par la variante des crêtes (à éviter si vous avez le vertige ou des genoux capricieux). Cette variante offre de magnifiques panoramas. La descente est TRÈS longue et bien raide sur le début.
Le refuge
Nous n’avons pas du tout aimé le refuge de l’Onda, les emplacements tentes sont… dans un enclos ! Nous sommes les uns sur les autres avec moins d’1m de distance entre chaque tente. Donc clairement bof.
Le refuge prend la CB à partir de 15€, possibilité de se ravitailler comme dans chaque refuge et nous avons eu d’excellents retours de leurs lasagnes au Bruccio.
Jour 8 : Du refuge de l’Onda jusqu’à la gare de Vizzavona (10km avec 636D+ et 1163D-)
Le parcours
La montée est plutôt raide mais « courte ». La descente jusqu’a Vizzavona est longue et assez raide avec encore beaucoup de cailloux. Mais bon nous sommes en montagne, pas en prairie aha 🙂
Les cascades sont juste extraordinaires tout du long du parcours. Lorsque l’on arrive à la cascade des Anglais il y a beaucoup de monde, cela surprend car ça fait plusieurs jours que l’on croise quasi-exclusivement des randonneurs du GR mais ça signifie surtout que Vizzavona est proche.
L’Alzarella
Il n’y a pas de refuge à Vizzavona. Nous avons choisi « l’Alzarella » pour bivouaquer. Le lieu n’a rien d’exceptionnel si ce n’est une épicerie très complète, il permet avant tout de passer la nuit.
Jour 9 : De Vizzavona au refuge d’E Capannelle (15,3km avec 1000D+ et 500D-)
Étape très très simple. Je n’ai pas grand chose à dire dessus, si ce n’est que la montée finale peut surprendre après se l’être coulée douce pendant toute l’étape.
Le refuge
Il n’y a pas beaucoup de place en bivouac. Vous devez arriver tôt, ou bien ce que je vous conseille, doubler l’étape si vous le pouvez physiquement.
Une fois de plus, nous sommes les uns sur les autres et les espaces communs n’ont pas été respectés. Je n’aime pas avoir un point de vue aussi négatif sur les choses, cela ne me ressemble pas mais je pense qu’il est important d’être honnête également. Dans ce « refuge » (camping*), vous avez la possibilité de commander des pizzas ou de manger des glaces. Je peux comprendre que cela fasse plaisir à certains mais je dois avouer que je ne m’attendais pas à ça sur un GR… Sans parler des emballages qui traînaient un peu partout. J’aimerais bien comprendre ce qui pousse certains randonneurs à venir passer plusieurs jours en montagne de cette manière pour lui manquer de respect.
Jour 10 : E Capannelle – Vizzavona – Ajaccio – Orly
Nous avons fait le choix de ne pas poursuivre le GR20. Nous avons donc décidé de rebrousser chemin jusqu’à Vizzavona afin de pouvoir prendre un train à la gare de Vizzavona direction Ajaccio et de prendre ensuite un avion pour rentrer. Tout s’est enchaîné très vite entre le moment ou l’on s’est regardé d’un air « c’est plus possible » et où l’on a atterri.
Mais pourquoi cette décision ?
Prendre le départ du GR20, c’était infiniment plus qu’un défi sportif, infiniment plus qu’une grande randonnée à mes yeux. J’avais besoin de réaligner mon cœur, ma tête et mon corps pour (re)trouver une certaine cohérence dans ma vie. Et quoi de mieux pour cela que de traverser pendant 13 jours la terre de mes ancêtres sur 180km, tel un pèlerinage ?
Honnêtement, j’ai été incroyablement surprise par la technicité du parcours du Nord du GR20, je me suis amusée, j’ai pris énormément de plaisir à évoluer sur ce chemin et j’en ai pris plein les yeux tant les paysages sont magnifiques.
MAIS, parce qu’il y a un « mais », derrière le parcours (et les belles photos du parcours), il y a l’autre côté du GR20 : les refuges et surtout l’ambiance des refuges (en tout cas au mois d’aout !). Et c’est là où ça a coincé pour nous. Entre plusieurs vols, dont notre batterie externe et de nombreux déchets laissés sur le parcours..
Alors oui, physiquement nous avions largement les ressources pour finir le GR20. Mais à quoi bon continuer une aventure qui ne correspond pas à nos valeurs ? À quoi bon continuer une randonnée qui au fil des jours nous éloigne de ce que nous sommes et de ce que nous sommes venus chercher ?
L’authenticité, la déconnexion et le RESPECT de la montagne.
Le GR20 est beau par la variété de ses paysages, c’est pourquoi je préfère garder en mémoire ces images incroyables ⭐️
En espérant que vous respecterez notre choix 🙏
Ce que l’on aurait dû faire si nous avions continué…
- Jour 11 : Du refuge de Prati au refuge d’Usciolu (10km avec 600D+ et 700D-)
- Jour 12 : Du refuge d’Usciolu au refuge d’Asinau (15km avec 800D+ et 1000D-)
- Jour 13 : Du refuge d’Asinau à Conca (28km avec 1000D+ et 1500D-)
Merci d’être là,
Laura